La source Osterbour se trouve dans la forêt au-dessus de Larochette. Il y a une légende sur cette source qui dit que deux amis se sont réconciliés après une dispute ici le jour de Pâques et que leurs larmes de réconciliation seraient à l'origine de la source. L'eau de cette source est de qualité potable.
La légende
L’OSTERBOUR
(LA FONTAINE DE PÂQUES)
Légende, par Elise de Roebé.
Par une belle journée de Juin, une femme d'un âge déjà mûr, mais svelte encore et d'allure alerte, se promenait à l'ombre épaisse de sapins qui bordaient de chaque côté un étroit et frais vallon boisé. La prairie qui s'étendait au milieu était coupée en deux par un ruisseau dont les eaux allaient grossir la rivière un peu plus bas. L'allée de sapins aboutissait à deux étangs séparés par une digue. La promeneuse franchit celle-ci et s’arrêta à l'étang supérieur; là, elle s'assit sur un banc rustique, placé à l'ombre d'un gros frêne, et contempla avec ravissement ce paysage pour elle toujours ancien et toujours nouveau : les eaux claires et transparentes dans lesquelles se reflétaient le ciel bleu et les bouquets d'aunes disséminés sur les bords; le jeu rapide et animé des truites bondissent au-dessus de l'eau à la chasse d'un moucheron; en face, au-delà de l'étang, la claire verdure des frênes se détachent sur le vert sombre de la sapinière ; à droite et à gauche la forêt avec ses grands hêtres et ses rochers grandioses.
Un sourire mélancolique se jouait sur les lèvres de l'aïeule et imprimait à ses traits fins et distingués un charme d'une grande douceur; elle ravivait ses souvenirs d’antan et assistait de nouveau aux joyeux ébats de ses enfants; elle les entendait prêter des noms de châteaux aux rochers les plus curieux dont les anfractuosités offraient des retraites pittoresques; elle se revoyait heureuse mère, épouse adorée ;,, et lentement une larme se déroba à sa paupière; Alors elle se leva vivement et s'enfonça dans le sentier ombreux qui longeait la sapinière; elle passa sous la roche noire et, après dix minutes de marche, se trouva» au confluent des deux forêts, à l'endroit où la source dite en langue du pays - fontaine de Pâques - jaillit d'un rocher.
Ici la fraîcheur était délicieuse, les arbres formaient un dôme de verdure où tremblait seulement un rayon de soleil; la promeneuse se rafraîchit les mains à la source et se laissa choir sur un banc de mousse. Tout était si calme autour d’elle, seul le murmure de la source formant ruisseau et courant porter son tribut à l’étang, troublait le silence ou plutôt le rendait plus solennel encore.
- Grand'mère, contez nous la légende de l’Osterbour, avaient demandé la veille des bouches roses et rieuses, en se pressant autour d’elle, et grand’mère, qui pourtant avait toujours réponse à tout, était restée un peu interdite. Mais ce n’avait pas été long. « La légende de l’Osterbour ? oui, mes chéris nous verrons demain soir si vous êtes bien sages. » Alors une explosion de joie et de promesses héroïques. Et c'était pour tenir sa parole que grand’mère venait méditer au bord de la source et demander au génie protecteur du lieu, de soulever pour elle un coin de ce voile du passé si hermétiquement clos jusqu’à ce jour. Le silence autour de l’aïeule se faisait de plus en plus profond, c’était l’heure la plus chaude; les oiseaux et les insectes, tous se taisaient, faisant la sieste sans doute. Soudain un léger bruissement se laisse percevoir, grand’mère lève les yeux et voit, non sans tressaillement, surgir du rocher une forme blanche un peu confuse d’abord, puis de plus en plus distincte, couronnée de feuilles de hêtres, la taille ceinte des mêmes feuilles, avec une branche verdoyante à la main.
« Je suis », dit la forme aérienne, en s’inclinant devant l’aïeule, toujours un peu saisie, « le génie de la « Fontaine de Pâques » je te connais depuis longtemps, bonne grand’mère, ne crains rien. Je viens te révéler le secret de cette source mystérieuse, afin que par toi il se répande et apporte aux mortels avec un innocent plaisir un enseignement salutaire. »
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C'était au XIII siècle. La seigneurie de Larochette était occupée par le baron Ludolf et celle de Beaufort par le baron Conan: les deux seigneurs, unis par les liens d’une amitié fraternelle, avalent vu ces liens se resserrer encore par un malheur commun. La jeune châtelaine de Beaufort s'était éteinte après quelques années de mariage seulement, laissant un fils de trois ans, et Marguerite de Larochette avait suivi de près son amie dans la tombe, donnant à son époux inconsolable comme dernier souvenir une mignonne fille qui reçut le nom de sa mère. Dès lors les fêtes, les jeux et les tournois furent bannis des deux castels, les deux seigneurs ne cherchèrent d’adoucissement à leur profond chagrin que dans leur compagnie mutuelle.
A cette époque le pape Honoré, sollicité par le roi de Jérusalem Jean de Brienne, appela la chrétienté à la croisade. Les deux barons virent dans cet appel un ordre de Dieu qui leur enjoignait de ne point consumer leur vie en un chagrin stérile, et ils se hâtèrent de prendre la croix. Après avoir mis ordre à leurs affaires et pourvu au gouvernement intérieur et extérieur de leurs domaines, ils allèrent avec quelques bonnes lances se ranger sous la bannière de l’empereur Frédéric II.
Ludolf laissait sa fille Marguerite, âgée de quatre ans sous la tutelle de sa grand’mère dame Godeline, et la garde du château à son fidèle écuyer Gotfried.
Conan se reposait de tous ses soins au sujet de son fils sur le vénérable abbé, chargé de son éducation. Les officiers de sa maison étaient tous d'une fidélité éprouvée. Les deux seigneurs pouvaient donc en toute sécurité d’âme aller guerroyer contre les infidèles, ils savaient leurs seigneuries bien gardées.
A la sixième croisade l'époque des grands enthousiasmes était passée; les passions de ce monde terrestre se montraient de plus en plus et la voix de la religion était à peine entendue dans cette guerre sainte. Néanmoins il se rencontra encore des chevaliers sincèrement épris de la cause sainte, et de ce nombre furent nos barons qui dévouèrent « leur bonne épée à la Vierge Marie, Dame des Cieux. »
Douze années passèrent; les habitants des deux châteaux vivaient paisiblement dans une solitude profonde, ne conservant des relations qu’entre les deux seigneuries. Leur vie se résumait dans l'attente continue de leurs nobles et très aimés seigneurs. De temps à autre un ménestrel venait apporter quelque écho lointain du monde extérieur et célébrer dans un lai les exploits des croisés. Marguerite, devenue une gracieuse jouvencelle de seize ans, écoutait sans oser respirer, espérant toujours entendre le nom de son père tomber des lèvres harmonieuses du barde, ce père qu’elle ne connaissait pas et auquel elle songeait sans cesse!
Le bon Père Siegfried aillait souvent avec son pupille visiter dame Godeline déjà avancée en âge et aimait à s'entretenir avec le Père Anselme, chapelain de Larochette, homme éminant en science autant qu'en vertus. De la sorte, Jean et Marguerite avaient grandi presque ensemble et ils se considéraient comme frère et soeur. Longtemps ils avaient partagé leurs jeux, plus tard ce furent des lectures en commun, les légendes de Saints, et en dernier lieu ils s'étaient épris de l'art d'enluminer de précieux manuscrits.
Mais Jean devenait un homme; il allait atteindre sa vingtième année. Son mentor pensa qu'il était temps de le présenter à la cour du conte Henri de Luxembourg, où il achèverait de devenir un cavalier accompli et s'acheminerait vers la chevalerie. Avec quelle fierté le baron à son retour ne regarderait-il pas ce fils, digne rejeton de son illustre race?
Ils étaient donc partis à l'arrivée des hirondelles, et les châtelaines de Larochette se trouvaient bien seules; Marguerite surtout essuyait mainte larme furtive, en prenant ses pinceaux ou ses légendes qui maintenant avaient perdu pour elle une partie de leur charme. Elle aimait mieux errer à travers la belle forêt qui entourait le château, escalader les rochers comme une jeune biche, et par dessus tout visiter les pauvres huttes des bûcherons et apprendre à prier aux petits enfants.
Tout l'été avait passé ainsi, l'automne était venu. Un jour du mois d'Octobre, alors que la forêt portait encore ce riche coloris particulier au feuillage à cette saison, Marguerite accompagnée de sa fidèle Brigitte, se rendit à une pauvre chaumière. On lui avait fait savoir que le vieux Martin avait été blessé grièvement par chute d'un arbre, et elle accourait avec un onguent et du linge bien fin et bien doux pour soulager le pauvre malheureux. Dans la hutte les deux femmes furent reçues comme des anges du ciel, car si Brigitte préparait habilement l'onguent et la charpie, nul n’avait la main légère et adroite comme Marguerite pour panser une plaie et la bander, nul une voix si douce pour consoler et réconforter les malheureux.
Elle était bien touchante ainsi, cette toute jeune fille, vêtue d'une robe de fin lin à la vierge, les plis simplement retenus à la taille par un ruban d'or ; ses admirables cheveux blonds flottaient en longues boucles soyeuses sur ses épaules. Penchée sur le grabat du vieillard, un rayon de soleil vint à se jouer dans sa chevelure et lui mit au front comme un nimbe doré. Un païen passant par là l'eût adorée comme une divinité. La jeune fille accomplissait sa tâche en toute simplicité comme un devoir de charité, sans songer qu'elle faisait quelque chose d'extraordinaire, sans se douter non plus du regard d'admiration qui depuis quelque temps déjà la suivait à travers les branches un peu dépouillées qui ne voilaient qu'à demi l'unique fenêtre de la cabane. C'était le jeune sire de Beaufort, de retour depuis la veille; il appris à la cour la prochaine arrivée des croisés à leurs foyers, et tout heureux il accourait avec le Père Siegfried apporter cette bonne nouvelle aux châtelaines de Larochette quand, passant par là, il avait été attiré vers la hutte par la voix bien connue de son amie. Son premier mouvement avait été d'entrer et de réclamer sa part de cette oeuvre de miséricorde, mais le spectacle qu'il avait entrevu, lui parut si délicieux, qu'il résolut de le goûter et de le savourer en restant invisible. Maintenant, caché dans le feuillage, il restait Immobile, suivant dans une sorte d'extase les moindres mouvements de Marguerite. Comme sa beauté s'était soudain épanouie! Non, aucune des femmes brillantes qu'il avait vues à la cour du comte Henri, ne pouvait rivaliser avec sa Marguerite. C'était bien sa Marguerite, et elle le serait à jamais, aujourd’hui il le comprenait, le voile se déchirait devant ses yeux.
Le mouvement de sortie des visiteuses qu'accompagnaient les bénédictions du vieux Martin, fit revenir à lui le jeune homme. Il s’avança tout aussitôt, comprimant les battements précipités de son coeur:
« Salut, douce amie, que Notre Dame vous bénisse comme je la loue de cette rencontre bénie. »
La jeune fille laissa échapper un léger cri de joie, son regard lumineux enveloppa le voyageur et soudain elle resta un peu interdite, hésitante, mais ce ne fut qu’une seconde, elle se remit bien vite et lui tendit la main en souriant; Jean mit un genou en terre et, moitié riant moitié gravement: » J’ai dit-il, juré fidélité à mon suzerain et maintenant je la jure à la dame de mes pensers », et il baisa avec un tendre respect la main mignonne; puis il saisit un effilé d’or qui s’échappait des longs pans de ruban de Marguerite et le fixa à son pourpoint. Et comme la jeune fille le regardait en silence d’un air inspiré : « A quoi songe la dame de mes pensers? reprit-il en se relevant, un ange parle-t-il à son esprit?
Marguerite secoua ses boucles blondes, ferma les yeux et les rouvrit tout aussitôt: « J’ai cru, dit-elle ingénuement, voir le chevalier sire St. Georges, tant mon chevalier m’a paru noble et beau. La cour vous a transformé, ami; Notre-Dame veuille que ce ne soit que l’extérieur, ajouta-t-elle un léger soupir; sinon, comment vous plaira maintenant notre sauvage solitude et la société restreinte d'une femme âgée et d’une enfant qui n’a rien des qualités brillantes des grandes dames de la cour? » Et ses beaux traits prirent une légère expression d’inquiétude.
« Ah! s’écria Jean avec véhémence et au comble de la joie, Marguerite, ne vois-tu pas, que pour moi il n’y a qu’une dame unique au monde? c’est ma perle, pure et brillante entre toutes. Je t'ai donné ma foi, douce amie; ne recevrai-je pas la tienne en retour? »
La jeune fille le regarda de son beau et limpide regard et, pour toute réponse, laissa tomber ces paroles: La bénoite Vierge Marie garde nos coeurs unis à jamais ! »
A ce moment le Père Siegfried qui s'était un peu attardé en priant ses heures, rejoignit les jeunes gens. Lui aussi fut frappé du développement de la jeune fille qu'il regardait encore comme une enfant. Il jeta un regard un peu inquiet sur son pupille qui lui semblait animé plus que de raison, et sur Marguerite, visiblement émus. Mais son front était si pur, le regard de Jean si ouvert, que le bon Père se rassura tout aussitôt, il attribua cette émotion à la joie du revoir après une absence relativement longue. D'ailleurs, pensa-t-il, Dieu semble les avoir faits l'un pour l'autre; au retour des seigneurs sans doute nous bénirons cette union.
Au château de Larochette la nouvelle du prochain retour du baron avait amené une explosion de joie; dame Godeline en pleurait de bonheur, et Marguerite en rêvait et le jour et la nuit. Elle aillait donc revoir ce père tant désiré, admirer de près ces belles et nobles qualités que chacun vantait autour d'elle. Son coeur plein d'enthousiasme filial volait au devant du bienheureux moment de la réunion. Elle voyait encore, toute rougissante, le baron Conan; elle pensait qu'à lui aussi elle donnerait le nom de père. Jean avait parlé à dame Godeline et la respectable matrone avait joint les mains en disant avec ferveur: “Notre benoist Sire Dieu en soit loué: c'est le désir de mon coeur. Mais il faut moulte patience jusqu'au retour de nos bons seigneurs."
Sous l'influence de tant de bonheur, Marguerite s'épanouissait de plus en plus, et son aïeule allait répétant sans cesse à la fidèle Brigitte qui avait élevé l'enfant: “ Notre sire baron regardera avec fierté et bonheur notre gente demoiselle, et bientôt nous fêterons les fiançailles."
Tout était en liesse dans les deux châteaux; un cavalier écuyer avait apporté la nouvelle de la mise en marche des deux petites troupes par des chemins différents. Dès cette heure tous les vassaux s'étaient rassemblés pour recevoir leur cher seigneur. Marguerite ne quittait plus la plateforme de la plus haute tour. Enfin à la tombée du jour les vigies du castel de Larochette annoncèrent au son du cor l’apparition de cavalliers et de gensd'armes, et presqu'aussitôt le pont-levis s'abbaissa.
Marguerite, légère et agile comme une jeune biche, vola à la rencontre de son père; puis soudan saisie de timidité à la vue de tous ces guerriers bardés de fers, elle vint comme une colombe craintive se blottir près de son aïeule. Celle-ci se dressa avec peine, fit quelques pas, tendit les bras à son fils, son fils que son coeur maternel devinait plus qu’elle ne le reconnaissait sous les traits de cet homme devenu presqu’un vieillard, tant les fatigues et les travaux de la guerre y avaient imprimé leurs traces.
Marguerite saisit la main de son père et la baisa tendresse et respect, mais lui, se retirant un peu pour mieux la voir: « Ah! notre gente fille, s’écria-t-il, le vrai portrait de sa bénite mère; qu’elle vienne sur mon coeur!"
L’étreinte fut longue et chaleureuse. Puis le fidèle Gotfried et tous les officiers de la maison furent admis à saluer leur aimé seigneur. L’échanson remplit à pleins bords la coupe on or de son maître, les hanaps circulèrent tout à l’entour de la grande salle d’armes, et les cris de : « Noël! longue vie à Monseigneur! » retentirent longtemps sous les hautes voûtes.
Cependant il sembla au chapelain, qu’un nuage pesait sur le front du baron. Ludolf faisait des efforts visibles pour l’écarter, mais quand il ne se croyait pas observé, un pli profond se creusait entre ses yeux.
Marguerite, toute au bonheur de posséder son père, ne voyait rien et ne se lassait pas d’entendre l’illustre guerrier parler des lieux saints. Au récit des périls qu’il avait courus, l’enfant frémissait et bénissait Dieu d’avoir protégé son père et le baron de Beaufort. Oui, Beaufort aussi devait être en grande liesse, et à cette pensée Marguerite demanda à son seigneur père, en quel endroit il s’était séparé de la bannière de Beaufort.
A cette question le pli se creusa plus profond, et le châtelain, se levant, ordonna d’un ton devenu subitement bref d’apporter les flambeaux, la veillée s’étant déjà fort prolongée pour des voyageurs brisés de fatigues.
Marguerite, toute tremblante, présenta son front à baiser à son père et à son aïeule, et bientôt tout reposa ou sembla reposer au castel.
Mais le châtelain se tourna et sa retourna longtemps sur sa couche sans trouver le repos, et sa fille n'en goûta pas davantage. Elle se sentait mortellement inquiète. Pourquoi le regard de son père était-il devenu subitement si sombre au nom du sire de Beaufort? Que s’était- il passé entre eux? N’étaient-ils plus frères comme à leur départ? Tout aillait-il être rompu entre Larochette et Beaufort?
La pauvre enfant sentit une angoisse sans nom l'étreindre au cœur ; Alors elle se leva et alla s'agenouiller sur son prie-dieu devant un beau Christ d'ivoire. Après une longue et fervente oraison, pendant laquelle ses larmes coulèrent abondantes, elle se trouva plus calme et résignée à la volonté de Dieu et elle s'endormit.
Les jours et les semaines qui suivirent, Marguerite vit peu son père; le baron avait à se faire rendre compte de l'administration de ses domaines et à recevoir ses tenanciers. Quand il se trouvait en présence de sa fille, il lui témoignait une grande tendresse, mais celle-ci n'osait lui parler de ce qui remplissait son coeur.
Elle s'étonnait aussi que Jean ne vint pas saluer le châtelain de Larochette, et elle se perdait dans ce mystère qui faisait pâlir ses joues et voilait son regard. Dame Godeline, subitement souffrante, gardait le lit, et Marguerite ne pouvait lui confier ses peines ni demander son intervention.
Un jour qu'elle priait avec larmes dans la chapelle du château, le Père Anselme vint à passer près d'elle et la regarda avec compassion.
" Ma fille, lui dit-il, vous êtes trop jeune et trop faible pour porter seule le fardeau qui vous écrase; venez, confiez-vous au père de votre âme. » Marguerite aussitôt se leva et suivit le vénérable chapelain à la sacristie, là elle déversa son coeur dévoré d'inquiétude.
" Mon père, que s’est-il passé entre les deux seigneurs? que s’est-il passé, dites, le savez-vous? Ne pourrai-je plus revoir Jean, mon frère bien-aimé?" et elle joignit les mains avec angoisse. Le prêtre soupira profondément. « Ma fille," répondit-il lentement, élevez votre coeur en haut, sinon, la parole que j'ai à vous dire, le briserait." La jeune fille devint pâle comme la mort. " Dites vite, mon Père, je meurs de cette incertitude."
« Et bien, le baron Ludolf et le baron Conan, de frères qu’ils étaient, sont devenus des ennemis irréconciliables. Votre seigneur père me l'a appris , quand-, et le Père Anselme hésita un instant, puis regardant avec une paternelle pitié la pauvre enfant défaillante, il reprit: - quand je voulus lui faire part des projets d'avenir que nous avions formés entre vous et le jeune sire de Beaufort. La colère de notre redouté seigneur fut vive ..., il jura par tous les saints du Paradis, que a jamais les écussons de Larochette et de Beaufort ne s’allieraient. Je fis appel à ses sentiments chrétiens, je le conjurai par le bois de cette sainte croix, pour laquelle il avait si noblement combattu, d’oublier ce s'était passé et de se réconcilier avec son ami d’autrefois. Ce fut en vain.
" Non, s’écria-t-il. Jamais je ne pardonnerai à de traître, beau sire Dieu ne peut exiger une lâcheté! - Et il me quitta brusquement, puis revenant sur ses pas : " Parlez, me dit-il, à notre gente Marguerite, je suis navré, si son coeur en doit souffrir. Je souffre encore plus qu'elle … mais elle est fille docile et vertueuse …. ma volonté est inébranlable; que jamais les noms des sires de Beaufort ne soient prononcés en ma présence!" et il se retira.
Marguerite restait anéantie, pâle, sans voix et sans larmes, on eût dit une statue de douleur. Le vénérable prêtre était ému jusqu'au fond de l'âme.
« Mon enfant, dit-il doucement, du courage. La Providence conduit tout ici-bas, acceptez la croix qu'elle vous impose, qui sait où elle vous mènera ? Oubliez-vous vous-même, ma chère fille, songez avant tout que l’âme de votre seigneur père est en grand risque et péril. » Alors Marguerite releva la tête, une flamme d'enthousiasme illumina soudain ses yeux.
" Merci mon Père, dit-elle, merci de m’avoir montré mon devoir, de m'avoir tracé ma mission. je sauverai l’âme de mon père."
A partir de ce jour, Marguerite entoura le baron de soins et de prévenances; elle s’efforçait devant lui de dissimuler la peine qui la minait, et feignait une douce gaieté qui pourtant ne rassurait son père qu'à demi. Il admirait la vertu de sa fille et faisait en secret le projet de la mener à la cour du comte Henri qui venait précisément de lui conférer le titre de grand hannerêt des comtes de Luxembourg.
L’hiver était venu et les grandes neiges rendaient les chemins impraticables; la douce fête de Noël était passée, et Marguerite avait eu la douleur de ne pas voir le baron s’approcher avec elle de la sainte Table. Ludolf avait eu avec le Père Anselme un long entretien qui se résumait ainsi:" Il vous sera pardonné dans la même mesure que vous pardonnerez à votre frère, et le baron s’était retiré mécontent et irrité. Depuis ce moment il resta sombre, et ce fut en vain que sa fille tenta de le rasséréner.
Dame Godeline était revenue à l'insouciance de l’enfance, elle n’avait plus conscience des temps présents. La seule consolation qui restait donc à Marguerite était de se réfugier à la chapelle, où elle passa de longs moments. Un jour que son oraison s’y était prolongée plus encore que de coutume, elle en sortit avec un rayonnement céleste dans ses beaux yeux et alla trouver le chapelain.
« Mon Père, » dit-elle, je voudrais entrer en lice avec notre doux Seigneur Jésus et jouter avec sa justice si sévère, pour faire remporter le prix à sa benoiste miséricorde. »
« Et pour ce, comment s’y prendre, ma chère fille? »
Marguerite baissa les yeux, puis les releva sur le Christ appendu à la muraille et, joignant les mains avec ferveur, elle répondit d’une voix basse, mais assurée:
Je veux faire serment de n'appartenir qu'à celui qui est mort sur la croix pour racheter les âmes -, et par cette immolation obtenir le salut de mon très cher seigneur père. »
Le vénérable prêtre se sentit ému jusqu’au fond de l’âme. Il se tut quelques instants pour ne pas trahir son émotion; puis raffermissant sa voix, il répondit d’un ton calme:
« Un tel désir, mon enfant, est grand et noble et généreux, mais il implique des obligations graves auxquelles il faut mûrement réfléchir. Notre béni Seigneur Jésus est un Epoux jaloux qui ne souffre à côté de lui aucun amour terrestre, et ;;;;… votre coeur est-il bien libre, ma fille? »
La jeune vierge leva vers le représentant de Dieu un regard limpide et répondit avec assurance :
« De par ma volonté, oui; le Sauveur fera le reste. Mon Père, ce faible coeur a beaucoup souffert et gémi- pourquoi vous le cacherais-je- il voulait et il ne voulait pas; l'âme de mon père l'a emporté. »
« C’est bien ma fille; vous êtes trop jeune pour prendre dès aujourd'hui un engagement définitif. Si d'ici à un an vous vous maintenez dans cette disposition de sacrifice, il sera acquiescé à votre désir. »
A Beaufort la sombre tristesse pesait aussi sur les châtelains. Conan avait appris brièvement à son fils, que le baron Ludolf s'était laissé prendre à des apparences trompeuses et l'avait grièvement offensé; que désormais tout lien entre Beaufort et Larochette était rompu. Toutes les protestations de Jean, l'aveu de sou amour pour Marguerite, leur projet d'union, tout fut inutile. Le Père Siegfried employa les raisonnements les plus judicieux, et il représenta à Conan, que Ludolf croyant de bonne foi être l'offensé, ce serait chrétien et noble de la part du châtelain de Beaufort, d'aller tendre la main à son ancien ami et frère d'armes et d'oublier généreusement le passé. Mais Conan entra dans une violents colère et jura que jamais chevalier ne ferait pareille lâcheté.
Si Jean n'eut été chrétien avec une âme si fortement trempée, il se serait abandonné au désespoir. Souvent fois la révolte grondait dans son coeur, il lui prenait une envie folle de s’élancer à travers la foret, d'escalader les rochers du castel de Larochette pour revoir sa Marguerite bien-aimée.
Le Père Siegfried, qui voyait ces luttes, ramenait non sans peine la soumission dans ce coeur fougueux de vingt ans. « Moulte patience, » disait-il, notre Sire Dieu fiera son oeuvre, quand son heure sera venue. Prière et sacrifice feront plus que langue dorée et folle équipée. »
La sainte Quarantaine touchait à sa fin et noble dame Godeline allait s'affaiblissant de jour en jour, le chapelain avait administré le Sacrement des mourants à la vénérable malade, et soudain son esprit avait retrouvé toute sa lucidité. Elle reconnut sa chère Marguerite agenouillée près de sa couche, baignée de larmes, et son fils, debout au pied du lit, et son regard éteint sembla chercher quelqu'un.
« Jean? » murmura-t-elle faiblement. Marguerite cacha son visage dans ses mains; le baron baissa la tête.
« Ah oui, je me souviens, » dit l'aïeule, se parlant à elle-même. « Chère fille, reprit-elle tout bas, s'adressât à la jeune fille, va prier à la chapelle, j'ai à parler à ton père. »
Marguerite se leva et sortit doucement. Arrivée à la chapelle, son âme tout entière passa dans sa prière; elle le sentait, le moment était solennel et décisif ….. Elle priait encore, quand Brigitte vint la chercher en toute hâte; grand'mère partait pour le ciel. Marguerite vola jusqu'à la chambre de la malade; celle-ci lui sourit encore, posa sa main défaillante sur la tête chérie de son enfant en signe de bénédiction, baisa le crucifix que lui présentait le Père Anselme, et ferma les yeux pour dormir. C'était le sommeil éternel! ---
Dame Godeline reposait maintenant dans le caveau des ancêtres et le seigneur Ludolf y faisait de longues stations. Une lutte violente se livrait dans son intérieur; les dernières paroles de sa mère inspirée déjà par la lumière d'outre-tombe, l'avaient convaincu, mais l'orgueil tenait encore la place et ne voulait pas céder. Pâques approchait, on était à la grande semaine. Marguerite et le Père Anselme multipliaient leurs prières et leurs sacrifices. Ludolf se revoyait aux saints lieux, où il avait suivi pas à pas le mystère sanglant que l'Eglise rappelait en ces jours; tout ce qu’il y avait de foi en lui se réveillait. La Croix sainte, pour laquelle il avait combattu, devait triompher de son orgueil. Le Vendredi saint, à l'adoration de la Croix, une force surhumaine le subjugua, son orgueil se brisa aux pieds du Christ, il tomba comme foudroyé, criant merci et se frappant la poitrine. Le reste du jour se pressa dans la prière et en conférence avec le Père Anselme.
Le lendemain après l'office, il baisa tendrement le front de sa fille et l’avertit, qu'il allait faire une course, qui prendrait peut-être le reste de la journée, et comme nul ne montait à cheval pendant la grande semaine, il ferait le chemin à pied à travers la forêt. Marguerite sollicita la permission d'accompagner le chatelain, elle avait à voir ses chers bûcherons. Ludolf y acquiesça gracieusement, et le père et la fille, sans autre suite, s'en furent, le coeur plein d'émotions, à travers la forêt où le printemps renaissant faisait jaillir de chaque arbre une vie nouvelle. Les rayons du soleil, que n'interceptaient pas encore les branches à peine reverdies, faisaient étinceler mille perles sur le gazon de mousse; les anémones étendaient comme un immense tapis de blanches étoiles sur l'épaisse couche de feuilles mortes qui jonchaient le sol; des myriades d'insectes voltigeaient et bourdonnaient, pendant que les petits oiseaux célébraient en chants harmonieux la résurrection de la nature, prélude de celle de leur Créateur et du Sauveur des hommes.
Le seigneur Ludolf et la gente damoiselle cheminaient en silence, absorbés dans leurs pensées: celles de Marguerite se revêtaient d'une suavité céleste à mesure qu'ils avançaient elle se sentait poussée en avant, comme si un aimant irrésistible l’attirait. Ludolf, au contraire, aurait voulu ralentir le pas, mais sa fille l’entraînait.
Enfin arrivés à une clairière : « arrêtons-nous ici, gente fille, » dit-il, « j’ai besoin de respirer, » et il s'assit sur le bord d'un rocher. A peine y était-il, que du sentier opposé déboutèrent le baron de Beaufort et son fils... Tous deux s‘arrêtèrent hésitants, muets de surprise.
Ce ne fut qu'une seconde.
« Conan, » s’écria Ludolf, se précipitant vers le baron de Beaufort,: j'allais vers toi! »
« Et moi vers toi! » répondit Conan, et les deux chevaliers se jetèrent dans les bras l'un de l'autre. Et malgré la triple cuirasse le fer dont ils croyaient voir revêtu leur coeur, des larmes jaillirent de leurs yeux et tombèrent le rocher, elles y tracèrent un léger sillon et disparurent dans une fissure de la pierre. Sous leur action bienfaisante leur orgueil fondit, comme fond la glace d'hiver sous une tiède pluie de printemps.
Pendant l’accolade des chevaliers, Jean s’élança vers sa douce amie; son coeur débordait... mais il s’arrêta soudain. Marguerite, debout sur le rocher, les mains croisées sur la poitrine, les yeux au ciel, semblait ravie à la terre; elle n'entendait rien, ne voyait rien. Tout-à-coup, sou extase de reconnaissance éclata dans le magnifique cantique : « Benedicte omnia opera Domini… » Oeuvres de Dieu, bénissez le Seigneur, louez-le, publiez vers tous les siècles sa souveraine grandeur.
Lorsqu'elle arriva au verset: « Bénédicite fontes Domino, », Sources et fontaines, bénissez le Seigneur, les chevaliers virent sourdre au pied du rocher des gouttelettes d'eau semblables à des larmes, elles tombèrent pressées, toujours plus pressées et formèrent bientôt an mince filet d'eau qui aillait grossissant jusqu'à ce que la jeune vierge eut achevé de sa voix mélodieuse: ” Benedictus es, Domine, in firmamento coeli: et laudibilis, et gloriosus, et superexaltatus in saecula.”
Les chevaliers, le genou en terre, répondirent: " Amen."
À ce moment la clochette argentine du castel de Larochette, revenue de son pèlerinage de Rome, envoya dans les airs ses envolées les plus joyeuses pour annoncer au monde le triomphe du Christ sur la mort. Tous se relevèrent au chant de l'Alleluia, Regina coeli, laetare ! et les milliers d'oiseaux sous la tendre feuillée répondirent: « Alléluia »
Le seigneur de Larochette s'approcha alors de la source merveilleuse, emplit de cette eau cristalline la coupe portative que tout disciple de Nemrod a toujours avec soi, et la présenta au baron Conan. Celui-ci but la moitié du contenu et la tendit à son tour au baron Ludolf qui la vida jusqu’à la dernière goutte.
Le seigneur de Beaufort alors s'inclina courtoisement devant le seigneur de Larochette:
« Frère, » dit-il, « mon fils, sire Jean, aspirant d’armes, brûle du désir de mettre au pied de la très gracieuse et très noble demoiselle Marguerite son amour et sa foi, et moi, Conan de Beaufort, chevalier de la Croix, je sollicite l’honneur d'unir les écussons de Beaufort-Larochette. »
Ludolf s'inclina non moins courtoisement:
« Frère, » répondit-il, « ton fils est mon fils; ma fille sera ta fille, » - et faisant signe à Marguerite, il prit lu main de Jean pour la mettre dans celle de sa fille.
Mais celle-ci avait pâli : « Mon très cher seigneur père, et vous noble chevalier de la Croix, dit-elle doucement, permettez à Marguerite de se retirer dans la solitude pendant un encore; je l’ai promis à notre doux Sauveur Jésus, alors seulement j'aurai entendu sa voix et connu le chemin à parcourir. Tendre ami, dit-elle, en levant un regard céleste sur Jean bouleversé, priez au vénérable Père Anselme, il vous donnera la clef de ce mystère, et quoique notre Seigneur Dieu ordonne, nos âmes resteront unies en sa volonté sainte pour l'éternité. »
Le Jeune sire de Beaufort voulait protester, mais les deux seigneurs étendirent simultanément la main :
« Le désir de notre bien-aimée fille est sacré. » dit le baron Ludolf.
« Mon fils Jean gagnera ses éperons de chevalier au cours de l‘an, ajouta Conan, et à Pâques prochain il se retrouvera ici pour recevoir la réponse de la dame de ses pensers. »
« Sur la croix de l'épée de mon très honoré seigneur père. je le jure! » s'écria Jean avec feu.
Alors parurent les chapelains de Larochette et de Beaufort. Ils étendirent la droite sur la source mystérieuse:
« Bénie sois-tu dirent-ils, » Fontaine de Pâques, gage des miséricordes de notre puissent Sire Dieu, eau merveilleuse qui a pris sa source dans les larmes du repentir et qu'a fait jaillir le chant d’une vierge ! Puisses-tu porter partout avec toi les bénédictions du Ciel et réconcilier les uns avec les autres tous ceux qui boiront de ton onde ! »
« Amen, »répondirent pieusement les chevaliers. « Alléluia ! alleluia !» gazouilla suavement la multitude ailée.
Telle est la légende de l'origine de la « Fontaine de Pâques. »
Parmi les esprits ou génies bienfaisants préposés à la garde de la forêt, je fus désigné pour habiter la Fontaine de Pâques. J'obéis avec joie à notre Ordonnateur suprême et j'écartais avec soin tout ce qui eut pu porter atteinte à la pureté parfaite de cette eau bénie. Le pieux souhait des vénérables Pères s'accomplit à travers les siècles ; je vis au pied de ce rocher maints ennemis jurés se tendre la main; des jeunes filles venir prier et mêler leurs larmes virginales à l'eau limpide de la réconciliation et le frère armé contre le frère tomber dans les bras l'un de l’autre. Peu à peu la tradition de la légende s'effaça de l'esprit populaire ; les passions humaines en furent la cause; l’envie, la jalousie, ces noires productions de l’esprit du mal formèrent une ligne puissante contre l'esprit de la réconciliation et comme- ce qui arrive souvent en ce monde- l’esprit du mal triomphe, la Fontaine de Pâques aux bénies influences fut délaissée.
Toutefois ses eaux n'en continuèrent moins de fertiliser le gracieux vallon auquel elle avait donné son nom. Si la légende fut oubliée, le nom de l'Osterbour se perpétua travers les âges pour arriver intact jusqu'à vous.
Il y eut un temps, vous le savez, grand-mère, ces eaux favorisèrent l'industrie. Si aujourd'hui elles coulent paresseusement, sans but apparent, ne croyez pas que leur vertu soit anéantie; la ferve vitale qui sommeille en elles, se réveillera un jour à la voix d'un génie humain- je veux dire d'un bon génie de l'humanité- et bien des langues publieront encore les salutaires influences des eaux de l'Osterbour.
Il dit et disparut.
L’aïeule respira longuement: revenant des siècles passés, elle se sentait maintenant envahie de tout un parfum de renouveau; la chère fontaine coulait si joyeusement, on eût dit qu’elle chantait victoire ! Grand'mère croyait voir les chevaliers s’embrasser au pied du rocher, et en eux elle saluait la fusion de tous les coeurs. Le soleil s’inclinait vers le coucher; grand’mère remercia mentalement l'aimable génie qui venait de l’initier aux temps passés et lui donner espoir pour l’avenir, et toute recueillie encore elle prit le chemin du retour.
En finissant le joli sentier qui aboutissait eux étangs, elle se trouva tout à coup investie par la joyeuse troupe de ses petits-enfants ;
« Grand-mère, bonne-maman, vous voilà retrouvée, nous vous avons tant cherchée! » Et c’était à qui obtiendrait une caresse, à qui se serrerait le plus près d’elle. L’aïeule sourit à tous et les conduisit vers le banc le plus proche, elle y prit place, les plus grands à côté d’elle, les autres tout alentour sur le gazon.
« Avons-nous été sages? » demanda-t-elle en promenant un regard interrogatif sur le cercle charmant qui l’entourait.
« Oui, oui! » cria-t-on avec un ensemble et une conviction sans hésitation. « Bien, alors je vais tenir ma promesse. Ecoutez donc la légende de l’Osterbour; mais je vous préviens que c’est un peu sérieux. »
« Tant mieux! » exclamèrent les grands. « N’importe! » s’écrièrent les petits, « nous écouterons si bien. »
Et voilà comme quoi la légende de la Fontaine de Pâques, l’Osterbour, reprit vie ici dans l’esprit des petits-enfants de grand’mère.
E. de R.
[transcription du texte original LG]
Source originale e-Luxemburgensia